En juin 1968, sur une plage de Métabetchouan, au Lac Saint-Jean, on retrouve l’épave d’une cabane de pêche, et un cadavre de femme. Les policiers font semblant de mener une enquête et déclarent le corps, non identifiable. Or, tout le monde au village savait qui était cette femme et à qui appartenait la cabane. C’était la seule cabane bleue, celle du grand Pierre. Comme il était marié avec une autre, tout le monde se taisait pour éviter de rendre le scandale public. Certains racontaient que Pierre avait attaché la femme à la couchette, à la mi-mars, avant d’abandonner la cabane. D’autres disaient que c’était elle qui avait fait le choix d’y attendre la fonte des glaces.
En février 2014, le collectif L’eau du bain (Anne-Marie Ouellet et Thomas Sinou) construisent une cabane similaire et l’installe sur la glace au large, entre Métabetchouan et Saint-Gédéon. Anne-Marie s’installe sur la couchette pour prendre la place de la femme, comme avec l’impression d’entrer en elle : « C’est un projet que j’ai imaginé : revivre les derniers jours d’une femme dans une cabane bleue sur le lac St-Jean gelé. » Thomas, lui, enregistre le paysage sonore pour pouvoir le transporter.