Nous ne serons pas vieux, mais déjà gras de vivre est une performance théâtrale dans lequel mots et sons agissent comme un vieux couple qui tente en vain encore une fois de renouer la communication. La limite entre réalité et fiction est trouble, celle entre théâtre et performance aussi.
Les deux performeurs, Anne-Marie Ouellet et Thomas Sinou utilisent différents outils technologiques pour tenter d’entrer en relation avec l’autre. L’espace est parsemé de traces de leur cohabitation : des bouteilles vides, des vêtements qui traînent, des mots sur les murs… Anne-Marie parle à Thomas, parle au public, des bribes de textes sont écrites, d’autres sont inventées au fur et à mesure. Impossible de départager le vrai du faux. Thomas fait du son, un peu de musique, mais il s’amuse surtout à amplifier et à traiter les sons concrets, la plomberie, le buzz du frigo, l’œuf qu’il se fait cuire, les voitures qui circulent dans la rue… La médiatisation du son rend encore plus questionnable la réalité de l’instant. Les sons rencontrent des moments de textes écrits, une parole improvisée adressée au public, des instants où les corps remplissent des défis, où les spectateurs sont invités à déambuler dans l’espace et à répondre à des questions inscrites sur les murs. Sans souligner le concept à gros traits, il s’agit simplement de mettre en lumière le mixage de la réalité que notre conscience opère naturellement.
Dans notre espace de travail et de vie, les spectateurs sont accueillis chaleureusement, on leur propose à boire, on enregistre certains de leurs propos pour les inclure à la performance. Des micros hors l’espace de représentation nous permettent de transgresser auditivement les frontières de l’espace de jeu.
Un premier chantier de création a été présenté les 5,6 et 7 novembre 2012 dans un espace commercial désaffecté de l’avenue du parc, à Montréal.