Ils sont trois dans les décombres d’un centre commercial. Il y a une femme et son Amour-frère-étranger. Il y a aussi une autre femme qu’ils ont trouvée et qui passe son temps à respirer de la colle près d’une roche. Elle ne parle pas, mais ses yeux en disent long. Ils se tiennent dans ces ruines et n’en sortent pas. Et, en l’occurrence, dehors n’existe peut-être plus.
À un moment on apporte un enfant, chose incongrue en terrain asséché. D’où vient-il? On soupçonne que c’est Celle-qui-respire-de-la-colle qui aurait accouché dans un silence de mort. Dans leur réalité, où l’avenir n’est pas une option, comment peuvent-ils élever un enfant? Il disparaît aussitôt. Et, depuis, un chant aigu et perçant flotte juste au-dessus des têtes. « Mort déjà. Presque non-né. Une vie non avenue. »
Lui voudrait bien qu’il se passe encore quelque chose. Alors, parfois, il émet un souhait : « Ce soir, j’aimerais bien que la nuit vienne » ou « Nous sortirons d’ici et il fera soleil. » Elle, son amour-sœur-étrangère, ne supporte pas ses illusions à la vie d’avant. Cela lui donne des envies de tuer.
Que s’est-il passé? Qu’est-ce qui a mené à l’effondrement du centre commercial? Y a-t-il eu une guerre? Lui répond : « Il me semble bien qu’il y a eu une guerre, qu’il y a continuellement une guerre, non? Sous différentes formes. Celle-là-qui-respire-de-la-colle près de la roche, par exemple, n’est-elle pas la preuve à moitié morte d’une guerre que nous nous faisons? Je veux dire l’homme. »
Il reste peu d’objets du monde d’avant, mais des sons survivent dans les décombres. Il suffit d’y circuler pour les réveiller, ces restes sonores de vie qui viennent de loin et nous emportent ailleurs.
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